mercredi 9 juillet 2008

El fin

J'ai renoncé a écrire sur ce blog. Manque d'inspiration et puis surtout cette impression qu'en le bouclant, la boucle sera réellement et definitivement bouclée.
Dans la suite des métaphores cycliques, je constate que la vie n'est qu'un éternel recommencement. Me revoici a l'endroit d'où je suis partie, a partir d'où cette aventure incroyable, cette année folle a pris son élan.

Je retombe aujourd'hui, sur les genoux, les larmes aux yeux et des images plein la tête.
Spécialiste de la mélancolie, je m'en donne a coeur joie. Je rumine et fulmine pensant aux regrets, puis m'exalte face aux souvenirs de rires.
Des regrets oui, parcequ'on est jamais satisfait, on en a jamais assez vu, on a toujours fait des choix irréfléchis. Ou, comme toujours, ce sont les non-choix, les actes manqués, la négation de ce qui aurait pû être qui l'emporte.
Premier constat, on a beau tenter par tous les moyens de ne pas créer de liens, de ne pas s'attacher trop, c'est peine perdue. Je l'ai déjà fait, je l'ai déjà vécu, encore ce thème de répétition. J'ai déjà dit adieu, à des gens, à des lieux... et il n'ya sans doute rien de plus difficile (à mon sens).
Abandonner cet instant qui jamais plus ne reviendra, perdre cette occasion d'être, à un endroit à un moment donné avec un certain état d'esprit.

Je n'aurais plus jamais 19 ans en Argentine avec ces personnes là.

Mais relativisons, c'est la vie. C'est le concept, et c'est ce qu'on appelle grandir et affronter la réalité. Et si je dois faire le bilan, comme l'exprime si bien l'espagnol: tout mettre sur une "balance", c'est le bonheur qui l'emporte.

Explication.

Avouons que pour une glandeuse finie, une année passée à rien foutre ou presque, c'est le bonheur. Pour une amatrice de recherche de différence et d'apprentissage de l'incroyable et gigantesque palette de couleurs que peut offrir l'humanité, c'est le paradis. Pour une contemplative, voir la nature dans son plus pur appareil, c'est l'Eden. Pour une amatrice de sensations fortes, profiter des fiestas les plus locas de son existence, c'est une chance. Pour une amatrice d'arts, bosser dans un centre culturel, s'interesser a une nouvelle forme d'expession musicale et corporelle, c'est un plaisir.

Ce que m'a apporté cette année n'a rien a voir avec un enseignement théorique, ni avec des livres (surtout face a mon incapacité a terminer un bouquin), ni d'ailleurs avec des choses qui peuvent s'expliquer par des mots. C'est ce qui s'appelle se forger une expérience. Un grand mot qui prend peu de place aujourd'hui. Et pourtant j'ai l'impression d'avoir appris plus qu'en 15 années d'études, certes peu acharnées, mais d'études quand même. Autant sur moi même que sur les autres. Autant sur ce que je ne veux pas pour ma vie future, que sur ce que je voudrais.

Et puis tous ces gens, amis d'une journéee, et amis de fêtes. Ceux à qui l'on se confie sans raison particulière, parcequ'on ressent ce besoin de se livrer... des deux côtés. Des gens que jamais plus je ne reverrai, des gens dont je ne connais que des détails, mais qui m'ont nourrie de leur expérience a eux. Je me suis appropriée les leçons qu'ils ont tirés de leur vie et pour ça je dois les remercier.
Remercier cette ville, ce pays qui m'ont offert l'opportunité de découvrir encore une fois qu'il existe une autre façon d'être. Et je continue ainsi traversant les endroits, les envies, les gens, à construire ce melting pot qui constitue ma façon d'être.

Il n'ya pas une Stephanie, ni une Christelle. Nous sommes tous d'une certaine façon tous les gens que nous avons connus. Et je suis fière de revendiquer aujourd'hui ma condition d'éponge.

Et voilà, encore une fois, en écrivant j'en dis trop. Parcequ'écrire, c'est encore la façon la plus simple de s'avouer à demi mot, entre les lignes.
Peu enthousiaste au début à écrire sur cette page a propos de mon expérience, je me rend compte que ça m'a été bénéfique. Merci donc a ceux qui m'auront lu et que je reverrai très sûrement bientôt. Merci pour vos commentaires parfois tellement interessants ... et surtout pour votre patience a lire tant de lignes incongrues.
Comme dirait l'autre (j'ai vu ça en redecouvrant le "bonheur" de la télévision) : merci à la vie, merci à l'amour.

On a beau dire c'est quand même merveilleux de pouvoir ressentir toutes ces choses... et d'un certain côté c'est tout aussi merveilleux de ne vraiment pas pouvoir tout exprimer par le langage.

C'est a cette image que fut mon départ, sans larmes, sans pleurs, sans véritables mots, juste le coeur serré. Des aurevoirs qui sonnent comme des promesses, ou des adieu qui refusent de s'admettre comme tels. Je ne sais vraiment pas si j'y retournerai un jour, ni quand, tant il ya d'autres endroits où je rêve d'aller, en gloutonne de découverte que je suis.
Une âme de voyageuse comme pas mal d'entre nous, génération ouverte sur le monde. Génération qui n'a plus peur de l'altérité mais qui se nourrit d'elle, parceque génération qui se cherche et qui dans l'état actuel des choses préfère se nourir d'ailleurs que d'origine. Ou est-ce le moment de changer de point de vue et revenir à une certaine idée d'humanisme. Imaginons nous enfin comme cet autre. Comme ces quelques mots griffonés sur un bout de papier un jour de tristesse: "yo soy la alteridad, yo soy el otro que me da miedo".

voilà, c'est tout, j'en ai déjà trop dit. J'ai déjà bien trop bavardé, je vais tenter de trouver une raison à mon retour. Et réellement terminer mon année de mobilité, cesser de penser passé, mais penser avenir.