mardi 11 décembre 2007

Et un argentin, et deux argentins, et trois argentins ...

(hehe, un "petit" steak ... )
Hello,
Je vous ai tous laissé sur des nouvelles made in NY, c'était "awwwssome" comme ils disent là bas, c'est sûr, mais ma vie est ici, à Buenos Aires.
C'est toujours une super ville, il y fait très beau, très chaud, et j'y ai rencontré des potes de potes de pote (en clair, des amis des potes de jail in us made in France), ils sont cool, je vous mettrai une photo plus tard.
Bref, un nouveau message, parceque je me rend compte que ça fait un bail que je ne vous ai pas vraiment raconté ma vie, et vous savez combien j'adore ça...
Je vais bien, merci Solange, Grace et Amour de prendre de mes nouvelles si souvent! et vu que visiblement tout le monde semble interessé par le sujet, je vais donc vous parler des argentins.

L'Argentin a des tatouages, un ou plusieurs, plus ou moins gros. L'argentin est bavard, il adore discuter avec toi, moi, nous, lui même, même quand il devrait se taire. L'argentin est un dragueur né, il est beau et il le sait, mais il n'est malheureusement pas bien grand, ce qui n'a pas l'air de le déranger outre mesure. L'argentin sait danser, au moins un peu, juste assez pour entamer une bribe de conversation et de suite tenter de fourrer sa langue dans ta bouche, sans aucun préavis.
Mais l'Argentin est gentiment macho, il tentera toujours de tout payer pour toi (ce qui donne lieu à une organisation machiavélique, pour ne pas lui laisser le temps de chercher dans sa poche). Il est très gentil, et même s'il est bavard, en général il écoutera tout de même ce que tu as à lui dire. Si tu as besoin de quelque chose il fera tout ce qu'il peut soit pour t'aider lui même, soit pour t'aiguiller vers quelqu'un qui le pourra. Il apprécie les gens qui rient, sourient ou tentent de faire des blagues, parce qu'il est lui même ainsi fait.
Les argentins entre eux, ou plutôt, nous dirons, les potenos, adorent parlementer sur les limites réelles des différents barrios (quartiers), ce qui donne lieu à des discutions enflammées, souvent à rallonge, finissant par les perdre eux mêmes dans la description du lieu qui porte à croire qu'on est à la fin d'un monde et au début d'un autre. Ils boivent quasiment exclusivement du vin et/ou de la bière. Et fument beaucoup, de tout, et le partagent avec qui veut. Ils se droguent aussi pas mal, mais de façon moins avouée, je parle des drogues dures, de celles qui font péter les plombs un beau samedi ou rien ne laissait présager un tel comportement.
Les argentins aiment la musique électronique, mais ils apprécient fortement la kumbia, qui est ici un peu comme le rap en France, dans les voitures, vitres ouvertes, et à fond la sono. On reconnait ce rythme partout, certains la murmurent dans la rue surement se remémorant des souvenirs de veilles en boliche (ou Macumba night club, comme diraient d'autres). Tout ceci pour dire qu'à part pour certains vieux jeux, (souvent étudiant la danse en fac, ou venant de province, et parfois les deux) peu d'entres eux dansent le tango, et même s'ils connaissent airs et paroles par coeur, je ne pense pas que ce soit la première chose qu'ils écoutent en rentrant chez eux.
Les argentins connaissent leur histoire, les jeunes parfois mieux que leurs parents, qui dans certains cas n'étaient pas bien au courant de tout ce qui se passait il n'ya pas si longtemps que ça... avant que naissent les associations revendiquant ce besoin de mémoire.
Les plus anciens parlent de l'ancien temps avec nostalgie, celui où le peso allait bien (ou il donnait la possibilité de voyager par exemple), celui où les rues paraissaient sûres. J'ai même eu droit parfois au "bah oui, avant on savait qu'on devait craindre les militaires, mais on pouvait laisser nos enfants jouer dans la rue, on pouvait marcher sans rester agrippé à notre sac" ... certes ... peut-être ....
Les plus anciens se rappellent de l'époque où les rues étaient pleines le soir, les cafés fleurissant de monde, de tout âge, même les plus humbles. Il semblerait qu'aujourd'hui on se terre chez soi, on conseille aux demoiselles de ne pas se ballader dans certains coins seules la nuit, d'éviter carrément certains quartiers, d'éviter d'avoir un sac, d'éviter les ennuis, d'éviter d'être vue ... d'éviter de vivre? non visiblement les demoiselles en ont marre que les machos dirigent leur vie... bien qu'elles soient toutes à la recherche d'un novio potentiel (non pas un de ceux qui veut partager le produit de ses glandes salivaires à peine rencontré), un de ceux avec lesquels on va avoir un rapport non protégé (ah c’est le même ?) et finir enceinte et être de toutes les façons, quelque soit l'âge, quelque soit la situation obligée de le garder -garçon et bébé- (ou finir crevant dans un trou toute seule, parce que bu un remède d'une illustre inconnue auto-proclamée avorteuse illégale). Ne soyez donc pas surpris de voir des couples de gamins de 15 ans se balladant fièrement avec leur progéniture, qui de suite parait avoir un futur tout tracé ... mais pas de cette ligne droite qu'ont tendance à apprécier certains parents. Souvent, les femmes ont eu plusieurs enfants, et plusieurs maris, parfois un pour chaque. Parce que ma foi quand on se marie par obligation de nos jours, et qu'on sait qu'on a la possibilité de divorcer, on le fait, et plutôt deux fois qu'une.
Sans doute est-ce pour ça que les argentins adooorent parler de leurs histoires d'amour, de sexe ou de mariage (ou des trois, avec des femmes différentes)... et que leurs homologues féminines suivent le même chemin (ils se sont tous lassés de me demander si je me suis trouvée un novio ... face à mes réponses on ne peut plus froides et mitigées).

Bref, les argentins, les portenos, on dirait des européens (de ceux du bas, pas ceux de l'est), en plus pauvres ... en différent, en joyeux, toujours heureux de vivre, prêts à rendre un service, à aller boire un coup avec des illustres inconnus et leur payer à boire avec leurs maigres petits sous. L'argentin on dirait un italien d'afrique. Un qui vit dans le tiers monde avec des idées qui sont à force devenues siennes. Un qui regarde la France en se disant, "bah ouais il peut grever, non seulement il en a le droit mais c'est admis, moi j'ai une famille a nourrir". Un qui pense à une sécurité sociale qui fonctionne bien, pour tous. De l' aveux d'une française ici, mariée à un argentin, "ça va, t'es couvert tant que tu travailles, sinon c'est plus dur".
Voilà, je les aime bien ces argentins, on dirait des camerounais. Ils ont la main sur le coeur, mais il faut se mefier de l'autre, elle est souvent pas très loin de ta poche.

Que dire d’autre ? peut-être que comme ils sont comme ceux d’où je viens, je ne pense pas que je vivrai ici pour toujours, je m’y sentirai sans doute vite enfermée, malgré toute la diversité que peut offrir cette ville. On se rend vite compte qu’on ne peut pas profiter de tout avec tout le monde … parce qu’on est un étranger, on est attractif, du moins au début et puis on se rend compte qu’on est peut-être un peu utilisé, comme un trophée. « Regardez, je traine avec une française qui a une tête de brésilienne », c’est drôle au début, et puis ça lasse … comme les commentaires dans la rue, qui parfois quand ils sont peu insistant peuvent faire plaisir. Et puis à un moment les regards paraissent plus appuyés, impossible d’aller acheter du pain sans qu’on te demande « et d’où tu viens ? et tu fais quoi ? pour combien de temps ? et tu as un copain ? non ? tant mieux et blablabla » c’est redondant. Heureusement des fois ça se passe autrement, mais j’avouerai que ça ne m’a pas donné envie de créer de vrais liens, de rappeler tous ces gens avec qui j’ai discuté, souri, avec qui j’ai bu une bière. Et ça ne me donne pas envie de recommencer à me chercher des potes, je sais déjà comment ça va se passer, je connais déjà les questions et les réponses, c’est pas très amusant. Alors bon, du coup je pense que ça va me faire du bien de retourner chez moi, voir mes petits monstres, d’être surprise à chaque instant en me rendant compte de leur niveau de maturité au travers de leurs répliques parfois si cinglantes. A essayer de les garder en enfance encore un peu plus, c’est tellement bien d’en avoir une.
Et puis je reviendrais toute fraîche et reposée, je penserai peut-être plus à toutes les choses positives que j’ai pu trouver ici, et je tenterai d’en trouver d’autres.
Voilà, je crois que c’est tout ce que j’ai à raconter pour le moment. Peut-être que je serai plus inspirée dans quelques jours, peut-être qu’un jour je saurai écrire convenablement, peut-être qu’un jour je saurai apprécier les choses qui sont juste là sous mon nez sans avoir besoin de m’en éloigner, et peut-être que je finirai par me faire un premier foutu concert dans cette ville qui en fourmille de partout (j’veux dire un où je connais pas les artistes, où je ne travaille pas pour eux, où je paye l’entrée), et puis peut-être que je cesserai de raconter des inepties sur cette page … on y croit !
Bisoux les gens, en prime, photos de mon chez moi, pas de ma chambre, si vous voulez la voir, il faudra payer (un billet d’avion en l’occurrence).


ps: j'oubliais, le "che" argentin n'est pas un mythe, c'est une bonne réalité bien utile pour les gens qui ont tendance à oublier les noms ... il est souvent ponctué d'un "boludo" très amical. "Che boludo, y que te paso?" bon, sinon dans l'idée, les argentins en général utilisent pas mal les gros mots, qui à force n'en sont plus vraiment. Dans le genre, on te fait une blague et ça se termine par un "viste este hijo de puta?!!". voilà, ne pas être surpris donc, ne pas prendre la mouche (hehe et voilà tout ce paragraphe pour placer une foutue expression!). Allez, besos les genx!


Mon patio, où maintenant il ya plein de soleil toute la journée...
Bordal, j'ai croisé Marc a Baires, c'est fou comme le monde est petit!
Bah 50 pesos quoi ... vous voulez pas un dessin non plus ...

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut Steph, je suis ton blog depuis quelques temps desde Patagonia et aujourd'hui, l'odeur du bon bife m'a incité à laisser un commentaire :) Je retrouve quelque unes de mes impressions dans ton article mais hum j'y reconnais surtout l'image que j'ai eu des porteños alors si un jour t'as le temps, viens faire un ptit tour au sud, et tu verras qu'ils sont un peu différents ... sur ce, suerte ! Tu restes encore combien de temps en Argentine ?

Julie d'Ailleurs a dit…

Tres tres bon le marco de dos.
Ca ne rassure sur me venue a BAires... ;D

Maëlle a dit…

si ca te fait penser aux camerounais, j'avoue que ca me fait aussi bien penser au sénégalais.. tu as vraiment bien décrit cette non envie de faire des rencontres par moment (de laisser son numéro surtout! le piège ouahhhhhhhhhhhhh) parce qu'on sait ce qui va se passer, un truc bien relou. à Baires je sais pas mais à Dakar, si tu files ton numéro, le gars peut t'appeler sitot sorti du bar et ensuite 5 fois par jour. et rien à faire pour lui faire comprendre que ça fait un peu bcp quand même.....:) bonnes fetes à toi en France si j'ai tout suivi...

Anonyme a dit…

Alors bon, je suis tombee sur ces pages par hasard, en cherchant des infos sur NY... mais je me suis attardee sur ton blog je te felicite pour ces descriptions remplies d'humour.
En particulier pour la descrition des argentins et de leur langue toujours a la recherche de nouvelles amygdales a nettoyer.

Bonne continuation...