Des mots sur un agenda made in Janvier, avant départ.
2 janvier: on est pas le deux janvier, mais c'est pas grave. Je pars j'adore ça, ça me donne l'impression de fuir, toujours plus loin.
Sur le trajet d'aéroport, un coeur qui bat, peut-être plus fort que d'habitude. De peur, d'excitation, que les choses se passent mal, qu'il y ait un accident. Pas de ces peurs venues du hasard, plutôt produites du vécu. Clés perdues, avions ratés, problèmes de visa, les péripéties n'ont pas manquées, dans mon histoire de globetrotteuse.
Mais non, cette fois encore, le sourire aux lèvres tout passe mieux: surclassée dans ma "classe turista" qui porte si bien son nom. Puis la douane, quelques blagues échangées, un moment de convivialité. C'est vrai que c'est mieux quand on a le temps, et quand ils le prennent. J'avoue que ça fait plaisir d'entendre d'un inconnu en partant : "revenez vite". Oui c'est promis, encore plus maintenant.
3 janvier: ...enfin... le jour d'après. Madrid, le voyage aura été moins long qu'à l'arrivée. Je ressens cette drôle d'impression de quitter un "chez moi". Je me dit que maintenant j'en ai tout un tas, le Cameroun, Toulouse, Cannes, et puis maintenant Buenos aires. L'impression qu'à chaque fois que je quitte un endroit j'y laisse un peu de moi... je me perd un peu dans ce petit monde, sans doute pour pouvoir mieux m'y retrouver. Mais avant tout c'est l'Espagne, vue de haut, je voudrais bien y faire un tour, le vivre d'en bas. Pour l'intant je m'y sent une étrangère, je m'y sens argentine. Sans m'en rendre compte j'en ai l'accent, très prononcé, celui des portenos, reconnaissable entre mille. Chaque renseignement demandé provoque le sourire : "vous êtes argentine?" La réponse aussi devient complexe : "non, française, ou camerounaise, mais un peu italienne aussi sur les bords... argentine? après tout oui, pourquoi pas". Qui suis-je? Stephanie ou Christelle, la noire? la blanche? la bohème? la carrée? sociale? antisociale? pourquoi choisir? on est sans doute tous un peu de tout... un vrai melting-pot, l'indéfinissable, l'infini... j'aime.
4 janvier: 1h du matin, j'arrive à Paris. La grande, la lumineuse, que pourtant je ne perçois qu'en noir et blanc. Il fait froid, très froid, mais j'ai remis mon déguisement de New York, je m'y sens bien au chaud, les couleurs de son bonnet me réchauffent un peu. Un bus, des rues, des lampadaires. Et puis un taxi, se perdre dans la nuit? pas ce soir. La tour Eiffel scintille, et je la regarde comme un enfant sous les yeux si peu attendris du chauffeur, ils sont gris ... ca promet.
Puis le matin, un café, un sourire toujours et ça repart. Aujourd'hui je vais vadrouiller, seule, en attendant Elodie. Je marche, je prend le métro, je me perd, prévisible, mais toujours aussi jouissif. Quel bonheur! se perdre encore! les rues, elles sont petites, tournent et virevoltent... puis hop, un cul de sac!
Puis une soupe, dans un bar à salade, so parisien. C'est bon, c'est chaud, mais j'arrive à peine à tenir ma cuillère avec mes doigts congelés. J'observe autour de moi et je vois des parisiennes, de celles qu'on voit à la télé, ou sorties de magasines avec comme gros titre "j'ai trente ans, je vous emmerde, vous qui ne pouvez pas en dire autant". Je dois détonner avec mes couleurs, mon sourire, mes rastas ... et ma carte. Peu importe, j'ai l'habitude.
...
J'avais une carte, je l'ai troquée contre une amie. Vous avouerez que l'échange se tient, je n'y ai pas perdu. Que c'est bon, de la revoir, de les revoir, Catherine, les trains. Pas changé... ou ça ne se voit pas au premier regard. Tant mieux, j'ai d'autant plus envie de creuser un peu plus.
J'en aurai le temps, peu, mais c'est déjà bien. C'est comme une parenthèse dans la mobilité, comme une virgule bien placée. Je m'y sens bien, tout comme dans cet appartement très parisien de tante, Christine. De retour plus tôt que prévu, j'aurai le bonheur de profiter d'une hospitalité d'autant plus surprenante qu'elle est parisienne... mais pas trop j'avouerais, ça sent le sud, ça sent un autre chez moi.
Elodie et Paris. Paris et Elodie. J'ai un peu confondu les deux. J'ai parfois l'impression de l'avoir vu a travers son regard, accrochée à son sourire, pendue au bout de sa longue chevelure chatoyante (je veux la même!). Elle la carte, moi l'appareil photo. Elle la lucidité, moi, le vagabondage. On s'est finalement bien complétées. On en a vues des choses! Pour toi Jail, j'ai revu Monet, dans le petit palais, au travers de ce coucher de soleil qui je ne sais toujours pas pourquoi me touche toujours autant, tout en finesse en simplicité, et pourtant si plein de vie. Après les nymphéas du Moma je dois avouer que j'ai été bien servie. Voir Rembrandt au Louvre aurait été la cerise, que dis-je le cerisier, sur un gateau bien appétissant. Ce sera pour une autre fois. Le Louvre était quand même très bien ... bien que j'ai trouvé ridicule au possible tout le boucan qui y est con-sacré à la Joconde, ma foi bien lointaine, bien qu'interessante. Vous pouvez me jeter la pierre, je ne crains que les projectiles humains (à quand les nains-boulets à canon).
J'y ai bien mangé, bien bu, j'avais la peau du ventre bien tendue, et j'aurai bien remercié le petit Jesus n'eût égard à la visite de notre petit nico national à une personnalité dont je tairai le nom. On a même trouvé le moyen de manger brésilien à Paris, on y a bu des mojitos à tomber et on a marché dans la nuit froide et étoilée.
Paris. Je l'ai vue, reconnue. Comme New York, un de ces endroits qui vous disent quelque chose parceque vous l'avez déjà vu mille fois. Un de ces endroits pleins de tout. Mais surtout ici un endroit plein d'histoire. J'imagine un vieux Paris pavé, de vieilles enseignes, je l'imagine en noir et blanc, comme aujourd'hui je peux voir Doisneau, Cartier-Bresson ou autres Lartigue. Je l'ai vu aujourd'hui, et j'ai voulu la voir comme ont si bien su le faire ces autres, ceux là qui avaient du talent. Le talent de trouver la vraie lumière, celle qui se cache qui se terre, et qui n'attend qu'à exposer ses multiples facettes.
J'ai eu un vrai coup de coeur pour les lampadaires, poussant comme des champignons autour des endroits jolis, ou comme une fleur déversant son pollen autour d'elle. Je n'aurais refréné mes ardeurs que bien tard, apprenant les risques que j'avais pris. Peu importe, s'il faut souffrir ou mourir pour voir le beau, je suis prête à faire ce sacrifice.
Je vous ai parlé d'Elodie, je vous parle de Catherine, et je vous parlerai d'un norvégien très parisien. Dans la liste des guides que j'ai pu avoir, ma foi, celui là pourrait gagner une coupe, ou un pot de fleur en or, que j'imagine très bien au milieu de son salon. C'est en effet grâce à lui que j'ai découvert les deux seines, et ça ce n'est tout de même pas rien, entre autres choses, je ne les citerai pas toutes...
Paris, Paris, la capitale, la lumineuse, la pressée, la souriante, la chaleureuse, celle desrencontres, des cafés, des sourires et des pensées. J'y ai pensé beaucoup, à toutes ces personnes que j'ai vu ou lues et qui y ont trouvé leur muse. Paris, la muse, paris la chère. Un jour j'y serai riche, je verrai son faste et ses paillettes... je prendrai le temps d'y chercher autre chose qu'Arnaud Bernard, le TBI. J'y ai flanné, le prendrai le temps d'y courir comme eux ... mais pas trop longtemps. Paris ce n'est pas un cliché renfermant la liberté comme New York, paris c'est un cliché renfermant des clichés, des vus, re-vus, re-machés, re-passés et parfois dépassés.
J'avoue je l'ai aimée, comme je pourrai la détester... comme toutes ces choses entières et crues, qu'on prend (sauvagement?) avec leurs qualités et surtout leurs défauts.
Merci Elodie, merci Catherine (bien que trop peu) merci Nils et merci Paris qui n'aura pas déversé sur nous sa pluie réputée cinglante dans ses jours de décembre.
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5 commentaires:
Riga, 30 janvier, il fait gris, 14h50, bientôt nuit.
Et la lumière est, sur l'écran de mon macbook.
Magnifique, bravo, pas envie de raconter des banalités, donc je te laisse.
Rohlala Stef faut que tu arretes d'ecrire bien. Apres je vais encore etre obligee de dire a ma mere de venir lire ton blog...
c ya soon gal !
Par contre, t'aurais pu dire un peu moins de bien de Nils quand meme. Faut pas deconner.
Hahaha, je déconne justement ... mais "tu peux pas comprendre", c'est privé ! hehe
Sinon mici à mes futurs compères de road-trip et autres blogueurs acharnés!
tu reviens quand ?
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