Chez moi. Du moins je le pensais avant d’arriver. Le Cameroun, ma maison, mon jardin, ma chambre. La mienne, avec mon empreinte, mon odeur, mes souvenirs. Mais non. A vrai dire, ce n’est plus autant chez moi que peut l’être ma chambre en argentine. D’abord la stupeur, j’entre dans ma chambre, la même climatisation, la même disposition des quelques meubles, mais ce ne sont plus les mêmes. Tout a changé, les murs sont blancs. Plus aucune trace de mes photos, de mes affiches, ajoutées au fil des années, au fil de mes goûts qui changent. Mon lit aussi a disparu comme englouti par cette nouvelle vague de pureté. Mon matelas plein des trous de mon histoire, celui du bac ou d’une nuit blanche, les fauteuils préférés et attitrés de mes amis, ma petite table où tant d’encre a coulé. Même le bureau est différent. Explication ? : « oh ça avait bien besoin d’une couche de peinture tu sais. Et puis ces nouveaux meubles sont pas mal non ? Ah et t’as vu que tu as un nouveau matelas ? L’ancien était vraiment trop vieux ! ».
Et moi aussi vous allez me remplacer ? Me peindre en blanc ? Effacer de ma mémoire toutes ces petites merdes qui font que je suis ce que je suis ?
Et puis tant pis, tout est blanc ? C’est peut-être le moment d’un nouveau départ, ici aussi. Il faut trier toutes ces choses qui sont maintenant entassées dans un petit placard. En vrac, en bordel… c’est le foutoir qu’ils disent, mets-y un peu d’ordre. Oui, mon foutoir, je le reconnais bien là, il encombre, plein de petits rien, un mot par ci, une lettre par là, une réflexion notée sur un bout de papier. Je devrais peut-être en faire une compilation, les noter quelque part, toutes ces choses que j’ai pensé à un moment dans ma vie, des blagues, des soucis d’adolescente, ou d’autres plus métaphysiques.
La métaphysique, je retombe sur des notes prises en dialoguant avec mon prof de philo, gentiment surnommé M.G, en hommage à un autre M.V bien connu en littérature. J’ai plus appris sur moi-même qu’avec d’autres, qu’avec de bons amis, le seul moment de mon existence où j’ai « parlé » en cours, pour le plus grand plaisir de mes camarades qui pouvaient en paix faire leurs devoirs d’espagnol pendant que je « partais en croisade ». Contre moi-même, contre cette philosophie trop souvent contradictoire, contre tous ces avis qui se mêlent et s’entremêlent, un joyeux foutoir.
Et puis tant pis, tout est blanc ? C’est peut-être le moment d’un nouveau départ, ici aussi. Il faut trier toutes ces choses qui sont maintenant entassées dans un petit placard. En vrac, en bordel… c’est le foutoir qu’ils disent, mets-y un peu d’ordre. Oui, mon foutoir, je le reconnais bien là, il encombre, plein de petits rien, un mot par ci, une lettre par là, une réflexion notée sur un bout de papier. Je devrais peut-être en faire une compilation, les noter quelque part, toutes ces choses que j’ai pensé à un moment dans ma vie, des blagues, des soucis d’adolescente, ou d’autres plus métaphysiques.
La métaphysique, je retombe sur des notes prises en dialoguant avec mon prof de philo, gentiment surnommé M.G, en hommage à un autre M.V bien connu en littérature. J’ai plus appris sur moi-même qu’avec d’autres, qu’avec de bons amis, le seul moment de mon existence où j’ai « parlé » en cours, pour le plus grand plaisir de mes camarades qui pouvaient en paix faire leurs devoirs d’espagnol pendant que je « partais en croisade ». Contre moi-même, contre cette philosophie trop souvent contradictoire, contre tous ces avis qui se mêlent et s’entremêlent, un joyeux foutoir.
Mon jardin, à l’ombre d’un manguier tout parait plus simple, regardant les oiseaux qui font leur nid, fuyant les bestioles qui se terrent pour surgir par hasard sur un plis du jean, le tout agrémenté de cris stridents, puis des moqueries de Jérôme le jardinier, ou même d’Adriano « Tu veux que l’écrabouille ? ». Oui s’il te plaît. Ou non, ce n’est pas tellement chez moi par ici, ça ne me plairait pas qu’on m’écrabouille chez moi. Voilà c’est dit.
Bref, chez moi, sans l’être totalement. Appartenir à un lieu, ça paraît d’un coup important, y avoir des amis aussi. Ici je n’en ai plus, ils sont tous allés faire leur vie, comme moi je l’avoue, et ne rentrent plus tellement au pays. Pourquoi ça coûte tellement cher ? Pourquoi empêcher les gens de venir ? il ya tellement de contraintes dans ce pays. Ce magnifique pays : l’Afrique en miniature. Un bac à culture de culture. Oui, je ne trouve pas plus redondant, mais c’est ce qu’il ya de mieux pour le décrire. Le plus beau pays, le moins exploité. C’est contradictoire, mais il faut souffrir pour pouvoir l’apprécier.
J’y ai voyagé, peu dans ma vie ici, et beaucoup cette fois ci. J’ai pris l’avion (incroyable mais avec seulement une heure de retard), je suis partie au nord (pas l’extrême, ça faisait un peu loin et puis à ce qu’il parait pas de structure d’accueil). Vous l’avez compris le Cameroun est divisé en fonction de ses différents climats et paysages. Au sud, la forêt équatoriale, à l’ouest (qui en fait est l’est, mais je ne sais pas pourquoi on appelle ça l’ouest, de l’Afrique sans doute) des collines verdoyantes, le côté très « agriculture » donc. Au nord, la savane, relativement verdoyante encore, avec des températures vivables même en période sèche (entendez dans les 40°). Puis l’extrême nord, savane aussi, mais de plus en plus aride au fur à mesure qu’on monte, semi désertique en somme. Puis la côte, le littoral, avec la mer, le fleuve principal et son port. Voilà, en résumé très grossier ce qu’on peut y voir, dans ce pays magnifique.
Sinon, il est aussi possible de couper en fonction des langues nationales : français ou anglais. Ou encore, en fonction des majorités en matière de religion : chrétien, ou musulman. Où le mieux en fonction du nombre d’ethnies, travail beaucoup plus fastidieux vu qu’on en dénombre pas moins de 240.
On a voyagé pour voir des animaux, bien que ce ne soit pas la saison. Tentant une nouvelle expérience dans un coin réputé dangereux (coupeurs de routes et co y sévissent parfois). Ce qui a valu à mon père la visite au général (de l’armée donc) affecté à la zone. Vous avez peur ? non, on y est allé les doigts dans le nez sans crainte des risques, et on a eu aucun soucis alors bon on va pas épiloguer.
On a longtemps cherché les félins, les éléphants, j’ai en vain scruté les arbres à panthère, y cherchant mon animal préféré, celui considéré comme une anomalie de la nature : la panthère noire, la féline, classe et dangereuse. En vain. J’ai apprécié le côté très sauvage, il a parfois fallu sortir couper à la machette les branches d’arbres au milieu de la piste. Les animaux y sont d’autant plus beaux, qu’ils se font rares, qu’ils ne sont pas habitués à voir des humains, des voitures ronronnantes et brisant ce silence pas si silencieux de brousse.
Ils fuient pour mieux nous observer avec curiosité, de loin. On aurait dit nous, mais en pas sur deux pattes, en pas sur 4 roues, et pas avec des trucs carrés qui crépitent parfois, juste ce regard accusateur.
Ils sont impressionnant d’énormité, de vacance : aller chercher de l’eau, aller chercher de la nourriture, puis se mettre à l’ombre pour pouvoir digérer tranquilles.
On a fait exactement la même chose. A savoir que dans un camp, sans lumière (un peu le soir pour la forme), sans réseau téléphonique, sans télé, sans Internet, sans piscine, sans cinéma, et même a un moment sans lecture, il y a pas grand-chose d’autre à faire que : boire, manger, et se reposer à l’ombre. Un jour je vivrai dans la savane, paradis de la glande.
Sur le chemin du retour on a décidé de faire un détour pour aller manger dans les Iles grecques, du capitaine fumé en entrée, du capitaine grillé en plat et en dessert du cap… ah non rien en fait.
Sinon, j’avais oublié que les moustiques aiment, que dis-je (c’est une péninsule) adorent ma peau caramélisée et mon sang juteux à souhait, j’aurais pu compter les piqûres sur les doigts de 20 mains, Tatiana aussi, et ce malgré tous les sprays très efficaces sur tous les autres. Je suis maudite.
Bref, le Cameroun c’est le paradis. Surtout qu’il y a mes deux monstres. D’autant plus monstrueux qu’il m’est de plus en plus difficile de leur résister, surtout qu’ils connaissent mon point faible avec eux : les bisoux… en même temps ça se comprend.
Ils ont bien grandi depuis la dernière fois.
Le fait qui m’aura le plus marqué c’est une discussion avec Adriano qui un jour sans prélude me sort « je n’ai pas envie de mourir Steph. ». Puis me parler les larmes aux yeux de ses craintes : « est-ce que quand on est mort on est tout seul dans le noir, il n’ya plus rien ni personne… est ce que tu seras là Steph quand je vais mourir ? Est-ce qu’on sait quand on va mourir ? ». Comment dire à un bout de chou de 6 ans qu’il ne saura jamais, que personne ne sait et que c’est malgré tout ce qui fait la beauté de la vie ? Comme ça, avec franchise, malgré que cette réponse n’en soit pas une. C’est dur quand on a 6 ans d’accepter déjà le mot « fatalité », le mot « impuissance », le mot « injustice ». Je l’avais déjà oublié. Il semblerait que c’est dans les gênes d’être des torturés de l’esprit…
Bref, des vacances, des vraies, avec des hauts et des bas… et puis le départ déjà qui approche et les marques recréées qui vont être difficile à briser. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas passé autant de temps ici, chez moi, retrouvant toute une partie de moi que je n’avais pas oubliée mais qui était presque en sommeil, déjà. Toutes ces odeurs, ces sensations, ces réactions, ces gens, qui me font me dire, oui sans conteste c’est ici que je suis née, que j’ai grandi et que j’ai construit ce qui fait de moi ce que je suis.
3 commentaires:
Bon Steph, c'est décidé.
Dès que j'ai assez d'argent, je prends un billet aller-retour pour le Cameroun (et je t'emmène avec comme guide) !
Ca tente des gens ?
On a dit cette nuit entre moultes conneries, qu'on feterait son anniv la bas tous ensemble, quand on sera riche. La-bas ou en Irlande.
ok ! Heureusement que tu précises pas de quelle année tu parles... parce que par exemple pour l'année 2008, c'est mort pour moi... Je suis trop pauvre ^^ (oui, la Norvège m'assèche).
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