Comme l'indique le titre, ce sont des impressions, en vracs...
Je commence a me familiariser avec la ville. Au sens propre du terme. Faire miennes les rues, apprendre les trajets de bus, apprendre a comprendre les gens. Je commence a me familiariser avec le centre culturel, ses allees, ses ombres et ses lumieres, ses gens. Tout ce monde qui tournicote. Ils vont, ils viennent, parfois sans preter attention a mon regard. Alors j'observe, je note, je memorise. Leur facon de rire et sourire, leurs tics, leurs reactions.
Et je commence a sentir leur colere, leur peine, leurs jours "sans". Non, tout n'est pas rose ici, il me parait que rares sont les personnes qui dans ce pays peuvent se permettre de travailler pour leur plaisir, meme (ou surtout) dans le milieu de la culture.
"Ils disent qu'il n'ya pas d'inflation, et c'est ce que le monde croit, mais nous savons que c'est faux".
"L'Argentine a peu de memoire". "Celui la meme qui a detrousse le pays il ya quelques annees est revenu au pouvoir".
Les gens que je vois ici rient beaucoup, parlent rarement de chses serieuses, comme pour oublier qu'apres ce travail, il yen a un autre, souvent moins drole. Un de ceux peu epanouissant qui donne des courbatures.
Je voudrais deja mieux parler, pour mieux les entendre, les ecouter et les comprendre. Je crois avoir du temps, mais je m'en rend compte, tout est trop "plein" ici pour le survoler. Visiter un quartier en une journee? Non, plutot une ruelle. Il me faudrait toute une vie pour vraiment "connaitre" Buenos Aires, et je le sais, beaucoup plus, pour connaitre l'Argentine, ses gens, ses manieres, sa facon d'exister.
Pour la premiere fois, j'ai l'occasion de percevoir la culture comme quelque chose de serieux, de fixe et de precis.
Ici, elle est ponctuee par les elements, les evenements qui font vivre le centre. Elle prend une forme, a un contenu.
Ainsi, ici ce n'est pas vraiment un "centre" culturel, c'est un espace ouvert a la culture. Elle y entre, s'y modele, s'y adapte, pour finalement en ressortir, suivant les allees et venues des artistes. Et ils sont nombreux a envoyer des couriers, des email, des cd, des dvd de leurs oeuvres. Comme une envie d'etre entendus a tout prix, et notamment ici au prix zero. Ils ne paient, ni ne recoivent rien, si ce n'est une infime reconnaissance, le temps d'un spectacle, ou juste d'un appel qui dit : "Nous avons aime ce que vous faites, mais il n'ya plus de place avant l'an prochain".
Le seul qui paie pour exister, c'est l'espace culturel, cet espace qui a besoin d'entretien, qui a besoin qu'on le nourrisse, qu'on le protege. Comme un bebe encore fragile qui necessite des soins particuliers, une attention speciale (surtout en ces moments de transitions politique, ou la question de la place de la culture reste encore posee).
Est ce que ceux qui s'en occupent (mis a part les chefs) s'en rendent eux meme compte? Envahis par la necessite de la survie, envahis par les formalites administratives, envahis par cette inflation fantome. La question n'est plus alors s'ils aiment ce lieu, elle est de savoir si on leur en donne la possibilite.
Et comme toujours, le pouvoir de choisir devient un luxe. Choisir d'aimer une chose au detriment d'une autre, choisir de penser aux autres plutot qu'a soi, ou simplement choisir de dire non.
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6 commentaires:
Wow, tu t'es lachée là.
Moi aussi je me dit qu'un semestre universitaire aurait été plus facile, mais après, pas forcémlent envie du tout facile ...
Stef, on grandit !
Hum, je me suis lachee... certes.
On grandit, certes aussi.
Je commence a me poser des questions sur la duree de vie de certains de mes messages...
Yo, l'autre, comment elle disparait !
prout
Lol, eh t'as craque ton slip?
c'est vrai... moi, j'avais clairement envie d'un truc facile parce-que je veux plus grandir... Stop, allez, j'arrête là !!! Et je passe en mode peter pan !
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